C'est ainsi que Nicolas de Staël
qualifie la peinture, dans une lettre
postée d'Antibes fin décembre 1954
et adressée à son marchand d'art
Jacques Dubourg.
Cette sentence est prémonitoire,
quand on sait que le peintre, à peine
âgé de 41 ans, allait se suicider
le 16 mars 1955, en se jetant
d'une fenêtre de son atelier.
Il est pourtant au sommet de
son talent, sa carrière américaine
est bien lancée, les collectionneurs
ne s'y trompent pas.
Il prépare plusieurs expositions
simultanées et s'impose, à l'instar de
Vincent Van Gogh, un rythme de travail
impressionnant : 146 tableaux
réalisés en quelques mois.
Il peignait au couteau et ça fait "mal",
qu'il s'agisse des paysages fulgurants
exposés au Musée d'Art moderne
du Havre ou des Nus couchés dans
le bleu du château Grimaldi à Antibes.
La contemplation d'un des deux modèles
ayant servi cette inoubliable série nous
renvoie au coeur brisé de ce chasseur
d'absolu qui avait, dix-huit ans avant son
grand départ, déjà prévenu le monde :
"La flamme augmente chaque jour
et j'espère bien mourir avant qu'elle
ne baisse."
Finir en beauté, quelle première volonté !