"La vie dure peu sur les hauts plateaux, dans les pâtures,
s'il le faut, on saute dans la mort sans trémolos.
Deux coups de pied en l'air et c'est fini,
qu'ont-ils à trembler avec leurs armes ces deux marins?
Aucun espace pour s'allonger, les uns contre les autres,
il pleut sans abri, nous serrons la laine de nos manteaux.
Nuit de patience, la mer voyage vers nous,
à l'aube l'horizon coule dans la poche des vagues.
Dans notre tas, les femmes au milieu,
un enfant meurt dans les bras de sa mère.
Quelle meilleure destinée, une fin dans un giron,
ils le descendent aux vagues, un chant à voix basse.
La mer enveloppe dans un rouleau d'écume
la feuille tombée de l'arbre des hommes."
Si dura poca vita sugli altopiani, ai pascoli,
se si deve, saltiamo nella morte non come tremolanti.
Un paio di calci all'aria e siamo andati,
cos'hanno da tremare con le armi questi due marinai?
Non c'è spazio di stendersi, appoggiati di spalla
piove senza riparo, stringiamo la lana dei mantelli.
Notte di pazienza, il mare viaggia verso di noi,
all'alba l'orizzonte affonda nella tasca delle onde.
Nel mucchio nostro con le donne in mezzo
un bambino muore in braccio alla madre.
Sia la migliore sorte, una fine da grembo,
lo calano alle onde, un canto a bassa voce.
Il mare avvolge in un rotolo di schiuma
la foglia caduta dall'abero degli uomini.
Erri De Luca, Solo Andate,
Giangiacomo Feltrinelli Editore, Milan, 2005 (!) ;
Editions Gallimard, 2012, pour la traduction
française (Aller simple) de Danièle Valin.