Des cercles de lecture se font un malin plaisir
de pointer du compas les poèmes qui désirent
être connus de leur vivant. Et d'aucuns s'autorisent
à tancer que seul le genre romanesque remplit l'église.
Il ne faudrait croire que les livres qui répandent l'encens
de la fiction et dont chaque personnage excommunie
l'auteur. Mais, pour écrire un seul vers, il en faut du sang,
des flammes, et des situations initiales, perturbées ou finies.
Les vacances touchent à leur crépuscule.
Elles m'auront permis notamment de mettre
la dernière ou la première main à deux livres,
que BoD et un autre éditeur peut-être
vont aider à vivre :
Une torche allumée au cœur des crocs
Le meltem emporte mes hurlements.
Heureux d'avoir, sous la dictée d'une inspiration
venue pour une part de l'autre monde, écrit
ce qu'il me revenait d'éclairer, je peux m'abandonner
assagi à l'impression de Koublanovski :
"En avril, à la cassure des jours,
je verrai, m'endormant au loin,
notre périple en chapeaux de paille
à midi de la plage de Soudak
par le sentier tordu au pied de la montagne
vers la cabane en terre battue de Bruni."
Ne me prête pas ta plume,
petit Pierrot, elle t'appartient.
De mon côté, j'assume,
j'irai à la page pour ton bien.
Il fut un sale temps à la librairie Decitre
où le rayon poésie était exposé à la circulation
d'une grosse clientèle. Et je compte encor les coups
reçus dans le dos alors que je cherchai une épître,
à l'insu des emportements d'autres fictions.
Aujourd'hui, tout va mieux. Les poèmes restés debout
sont découverts à l'abri. Mademoiselle Chang
a compris pourquoi elle était là, quand à la caisse
j'ai déposé "La vraie gloire est ici". Pour François Cheng,
elle m'a remis le ticket de la première messe :
"Voici que le fleuve retourne à sa source,
Que nous terminons notre grand périple."