Oublie-toi davantage ;
un autre sur l'estran veut
entendre son coquillage.
Oublie-toi davantage ;
un autre sur l'estran veut
entendre son coquillage.
L'écriture de soi fait preuve
d'une grande gentillesse, dès lors
qu'elle tend un miroir au monde.
La tienne délibérément l'abreuve
d'une vraie méchanceté. Personne ne sort
constaté du noir intime où tu abondes.
Dans la phrase terminale du collège,
des élèves plus ou moins guillerets
s'interrogent comme ouvrent les guillemets :
" La plaine de nos lectures peut-elle monter en neige ? "
La planète des élèves va s'aligner
ce matin sur celle de deux autrices.
Le temps d'ici continue de souligner
dans l'orbite des ados la littérature révélatrice.
Sur le désert du monde, Boris Vian
pose un nénuphar. Le sable déviant
respire mieux, tant le bonheur de chacun
devrait être la mare de tous les diables humains.
" Dans la vie, l’essentiel est de porter sur tout des jugements à priori.
Il apparaît, en effet, que les masses ont tort, et les individus toujours raison.
Il faut se garder d’en déduire des règles de conduite :
elles ne doivent pas avoir besoin d’être formulées pour qu’on les suive.
Il y a seulement deux choses : c’est l’amour, de toutes les façons, avec des jolies filles,
et la musique de la Nouvelle-Orléans ou de Duke Ellington.
Le reste devrait disparaître, car le reste est laid,
et les quelques pages de démonstration qui suivent
tirent toute leur force du fait que l’histoire est entièrement vraie,
puisque je l’ai imaginée d’un bout à l’autre."
Avant-propos, La Nouvelle-Orléans, 10 mars 1946.