Maître Jacques Vergès qui, tout au long
de son parcours, mit un poing d'honneur
à ne laisser aucun diable à la porte,
vient de quitter l'audience terrestre.
On connaissait le grand avocat,
mais l'homme était aussi un résistant
de la première heure et un poète,
comme en témoigne Le chagrin et la haine,
figurant au recueil Nocturne, publié en 2001
par les Editions Olbia :
"Le cadavre de notre camarade apparut soudain,
Affreusement mutilé, la tête enfoncée
à la place du coeur
Des insectes bourdonnants dessinaient
des larmes irisées sous ses yeux
Le coeur, fiché dans le cou, vivait
encore d'une vie fébrile
Et lançait dans le vent des tentacules rouges
Où se prenaient les mouches.
Nous étions arrivés trop tard
Les bourreaux n'attendent pas
Assis sur une souche, notre responsable
se mit à pleurer
Et moi à haïr."