Une sacrée blonde, lisant Ulysse de Joyce,
entre autres classiques de sa bibliothèque.
Dans une salle obscure, on peut avoir du mal
à aller plus près que le chemin balisé
des apparences. On rêve à la belle étoile,
mais que sait-on d'elle qui se montre
sous le voile d'un rôle? Pas grand-chose
en réalité.
Le livre Fragments, tout juste publié
aux Editions Points dans une version
simplifiée (pour les nuls en nature
humaine?), vient réparer l'ignorance
de nos regards.
Avec ces textes inédits, (dé)composés
entre 1943 et 1962, il nous est donné
d'apprendre à connaître l'univers intérieur
d'une icône du cinéma, j'ai nommé
Marilyn Monroe.
Toute sa vie, Norma Jeane Mortenson
eut une volonté farouche de comprendre
(les autres, le monde, le destin)
et de se comprendre. Elle refusait
de se contenter des feux de la rampe
et, en permanence, s'évertuait à rechercher
la vérité des choses, des êtres.
La maladresse de sa plume est aussi
à mettre à son crédit ; ceux qui ne font
jamais de fautes peuvent avoir le débit
des tricheurs et, comme le rappelait
si bien Marcel Proust, "toute faute
d'orthographe est l'expression d'un désir".
Ainsi n'aurons-nous pas l'outrecuidance
de corriger Marilyn ; sa foudroyante lucidité
suffisait à la convoquer au tableau et son
âme blanche écrivait à la craie noire :
"I seek joy but it is clothed with pain" /
Je cherche la joie mais elle est habillée
de chagrin.