Tout à la joie d'être pressé de faire quelques achats pour Noël
à la grande surface du coin moderne, j'ai pris néanmoins le temps
de m'arrêter "Dans les forêts de Sibérie", avec Sylvain Tesson
et les Editions Gallimard, bienfaitrices de la littérature
depuis un siècle.
Et, en découvrant ce journal d'ermitage, j'ai encaissé
sans coup férir l'idée que le coeur pouvait se passer
d'un caddie pour être rempli de bonheur :
"Je me suis installé pendant six mois dans une cabane sibérienne
sur les rives du lac Baïkal, à la pointe du cap des Cèdres du Nord.
Un village à cent vingt kilomètres, pas de voisins, pas de routes
d'accès, parfois, une visite. L'hiver, des températures de - 30 °C,
l'été des ours sur les berges. Bref, le paradis.
Dans ce désert je me suis inventé une vie sobre et belle,
j'ai vécu une existence resserrée autour de gestes simples.
J'ai regardé les jours passer, face au lac et à la forêt.
J'ai coupé du bois, pêché mon dîner, beaucoup lu,
marché dans les montagnes et bu de la vodka, à la fenêtre.
La cabane était un poste d'observation idéal pour capter
les tressaillements de la nature."
© photo : Thomas Goisque