Mardi matin, le ciel a ouvert une fenêtre de soleil.
La préparation de la veille n'est donc pas tombée
à l'eau de la Valloirette.
Avec les souliers du vieux garçon verni, à qui
on n'apprend plus à faire la grimace des lacets
réussis, je me suis lancé à l'assaut du Galibier
et, à l'instar d'Henri Desgrange qui le tenait en haute
estime depuis 1911, j'ai éprouvé un bonheur absolu
devant les jalons imposés (Bonnenuit, Plan Lachat,
les Granges) pour rejoindre cette cime.
Au sommet, la solidarité photographique d'autres
cyclistes dans un état critique et la joie de vivre
communicative d'une bande de motards italiens,
échappés peut-être du Lautaret ou sortis si cela
se trouve du tunnel, ont suffi à prolonger la saison
de la jubilation.
Mais le ciel a soudainement fermé sa fenêtre
de soleil, histoire de rappeler à tous les joyeux lurons
du col que l'hiver arrive souvent ici-haut avant l'automne.
Il était temps de redescendre, sans tombeau ouvert,
sur le hameau des Verneys. Le climat prêtant au souvenir
de la Normandie, il nous fut donné en soirée de nous régaler
d'un poulet au cidre.
Une nouvelle fois, le service prouva à la trentaine de couverts
que l'hôtellerie-restauration n'est pas la moindre des branches
de la perfection. Le fils de la patronne, qui apporte sa pierre
à l'accueil estival, m'apprit pour bien finir cette journée qu'il allait
entrer en quatrième année d'école d'architecture à Marseille.
Encore un rayon de soleil.