Selon le philosophe et historien des sciences
Michel Serres, qui enseigne dans la Silicon Valley (USA),
nous ne devons pas avoir peur de ce nouveau monde
où les technologies abondent.
Dans son dernier livre, il symbolise cette génération
numérique avec son personnage "Petite Poucette",
en référence à l'habileté diabolique dont elle fait preuve
pour envoyer des textos avec ses deux pouces.
L'enseignant salue "la plus belle victoire, celle des femmes".
Il ajoute : "Les amphithéâtres comptent 85% d'étudiantes
et leurs résultats sont supérieurs de 10 à 15% à ceux
de leurs homologues masculins. Elles vont arriver
sur le marché du travail et prendront le pouvoir
dans dix ans. Mais elles tiennent déjà la planète
dans leurs mains grâce aux données auxquelles
leur téléphone portable donne accès."
Une réserve masculine : il est interdit
de se connecter au volant !
Oui mais alors, l'accès illimité à l'information
serait-il sans danger ?
En conclusion de son interview accordée à Isabelle Spaak
du magazine "Aujourd'hui en France" (supplément au quotidien
daté du 11 janvier 2013), Michel Serres réplique :
"Trop d'informations ? La question s'était déjà posée au moment
de l'invention de l'imprimerie. Je dirais que le problème
n'est jamais d'en avoir trop. Et si on me demande pourquoi
il faut continuer d'aller à l'université pour apprendre
ce que l'on connaît déjà grâce à son ordinateur,
je réponds que c'est aux professeurs de réformer
leur enseignement. Nous parlons désormais à des gens
qui, du point de vue des informations, sont nos égaux.
Mais pas du point de vue de la connaissance.
A mon tour de vous poser une question : quelle est la septième
puissance économique mondiale ? Je vais vous le dire : c'est
l'humanitaire. J'ai découvert en pianotant sur mon ordinateur
un nouveau réseau social consacré à l'éthique, Olbios.
C'est formidable d'imaginer les milliards consacrés à s'entraider
et à protéger les plus faibles. Mais qui le dit ? Il y a trois jours,
je ne le savais pas."