Yad Vashem, le mémorial consacré
au souvenir et à l'étude de la Shoah,
vient de reconnaître Gino Bartali,
vanqueur du Tour de France (1938,
1948) et du Tour d'Italie (1936, 1937,
1946), comme "Juste parmi les Nations".
Il s'agit en l'occurence de la plus haute
distinction décernée par Israël aux hommes
et femmes qui ont sauvé, au péril de leur vie,
des Juifs pendant la seconde guerre mondiale.
Au 1er janvier 2013, Yad Vashem recensait
24811 Justes, dont 3694 en France et 524
en Italie.
Le champion cycliste italien a toujours
fait mystère de cette part de lumière :
"Le bien, c'est quelque chose que tu fais,
pas quelque chose dont tu parles."
Parlons-en quand même...
Même si les courses se font rares
à l'époque maudite de Mussolini,
notre cher Bartali continue de s'entraîner
et rallie régulièrement, depuis sa résidence
de Florence, les villes d'Assise et de Gênes
ou des villages des Abbruzes...
Aux différents points de contrôle sur sa longue
route (350 kilomètres par aller-retour), les soldats
allemands et les policiers italiens le saluent,
lui demandent des autographes, sans se douter
le moins du monde (le moins étant le mot qui convient),
qu'il transporte dans sa tige de selle, dans son guidon
et dans le cadre de sa bicyclette des documents et
des photos de Juifs, soucieux de passer clandestinement
la frontière pour être libres en Suisse par exemple
ou s'exiler ensuite aux Etats-Unis d'Amérique.
La Mère supérieure du couvent de San Quirico,
où les visites répétées du Fils Gino ne suscitent
aucune suspicion, fait le reste et transmet les précieux
papiers à une imprimerie, insoupçonnée elle aussi.
800 Juifs sauvés au bout du compte, voilà bien
pour Bartali la plus belle victoire de sa vie.