Crédits photo : Julien de Fontenay / Journal Du Dimanche.
Talleyrand qualifiait d'insignifiant tout ce qui est
excessif, mais le coup de griffe de Finkielkraut
dans le dernier numéro du Point ne mérite pas
d'être envoyé au coin :
"Le désastre de l'école a été précipité au nom
de l'égalité de tous avec toutes et de tout avec tout.
Pour abolir, une fois pour toutes, les privilèges des
héritiers, l'héritage a été réduit à sa plus simple
expression. Sous prétexte de ne laisser personne sur
le bord du chemin, l'école prétendument progressiste
a sacrifié la rigueur, l'exigence et la langue française
elle-même : un galimatias sans syntaxe fait désormais
l'affaire.
Dans un article mémorable sur la crise de l'éducation,
Hannah Arendt rappelait que l'école ne peut être que
conservatrice, puisque sa mission première consiste à
introduire les enfants, ces nouveaux venus sur la terre,
dans un monde plus vieux qu'eux. [...]
Je ne suis pas un ennemi des nouvelles technologies,
mais, pour le bien de Petite Poucette, je reste plus que jamais
un ami des livres et des maîtres. Je ne peux pas davantage me
résoudre à la transformation des grandes librairies en magasins
de téléphonie mobile qu'à l'humiliante rétrogradation des
enseignants à la fonction d'auxiliaire de vie dans le cyberespace.
La catastrophe, c'est quand les choses suivent leurs cours,
disait Walter Benjamin."
Excuse-nous, Alain, mais il nous semble bien
que tu exagères : la refondation de l'école ne
saurait oublier de réduire la part sans lumière.