Vincent Van Gogh, Champ de blé, juin 1888 ; Huile sur toile
50 x 61 cm / Fondation P. et N. de Boer, Amsterdam
Il faut planter plus d'un grain de diplomatie
pour que l'Ukraine connaisse moins la peine,
mais il suffit d'un grain de poésie
semé par Taras Chevtchenko
pour récolter l'exil intérieur
que martelait un autre tzar :
"Serve, elle coupait le blé,
Elle tombait de fatigue,
Mais ce n'est pas pour aller
Se reposer qu'elle part,
Passe entre les gerbes, c'est
Pour nourrir son fils Ivan.
Emmailloté, le bébé
Pleure à l'ombre d'une gerbe.
La mère le démaillote,
Le nourrit et le caresse.
Assise près de son fils,
Elle somnole, elle rêve :
Son Ivan est déjà grand,
Il est riche et beau, l'époux
D'une jeune fille libre,
Car lui-même maintenant
N'appartient plus au seigneur.
Ils sont dans leur champ joyeux,
Moissonnent leur propre blé,
Et voici que leurs enfants
Leur apportent le repas.
Et, la pauvre, elle sourit.
Soudain, elle se réveille,
Elle regarde autour d'elle :
Rien de tout cela n'existe.
Elle regarde l'enfant,
L'emmaillote doucement
Puis se remet au travail.
Il faut en abattre avant
L'arrivée du surveillant."
(Songe - écrit en 1858
à Saint-Pétersbourg.)